Lettre ouverte au ministre de la Communication du Togo à propos du site web www.republicoftogo.com
Monsieur le Ministre,
Je voudrais, pour commencer, vous adresser mes salutations les plus respectueuses. Je suis un citoyen togolais ayant quitté notre pays depuis une dizaine d’années et qui cherche ma vie dans le Sahel. Mais, connaissant bien ce proverbe de chez nous qui stipule que l’urine a beau vadrouiller, elle revient toujours couler sur la cuisse, je sais, suis convaincu que tôt ou tard, je demanderai à la terre togolaise d’ouvrir ses bras ou sa bouche pour m’accueillir.
Je vous écris, Monsieur le Ministre, vous qui êtes le premier garant de la communication dans notre pays, sur le cas d’un site web : www.republicoftogo.com.
Monsieur le ministre, il existe des milliers de site web, de blogs, de pages et de profils de réseaux sociaux qui écrivent sur le Togo. Mais la particularité de www.republicoftogo.com est qu’il n’est pas un site comme les autres, ou il prétend ne pas l’être. Le site affiche une accroche aussi brève que significative : « République togolaise », sa rubrique « A propos » écrit que www.republicoftogo est publié depuis 2007 par la République togolaise, et, sur sa page Facebook, on peut lire la présentation suivante : «Le site officiel de la République Togolaise sur Facebook ». Ce site porte donc les emblèmes de notre pays.
Mais, Monsieur le ministre, il se trouve que www.republicoftogo.com, qui se dit le site officiel de notre république, fait partie des plus mauvais de notre pays. Nous ne nous attarderons pas sur les dégoutantes et fréquentes fautes de français qui jalonnent ses articles, ni sur ses analyses incompréhensibles, ni sur ses « éditoriaux » au mieux illogiques au pire risibles.
Penchons-nous seulement, Monsieur le Ministre, sur la vulgarité et l’irresponsabilité qui se dégagent de la plupart de ses articles. L’un des derniers en date a pour titre : « Les prostituées plébiscitent les sommets. » L’article, présenté sous forme de commentaire d’une enquête publiée par un journal togolais, affirme que des études menées auprès de travailleuses du sexe ont révélé que ces dernières se sont réjouies du récent sommet sur la sécurité maritime organisé dans notre pays, puisqu’elles en ont tiré profit, et exhortent le chef de l’Etat à y organiser d’autres sommets.
On pense d’abord, en lisant le titre, à un second degré. Mais, au fil des lignes, on écarquille les yeux, entrouvre la bouche, grince des dents en se rendant compte que le site dit officiel du Togo n’est pas en train de faire de l’humour mais est sérieux.
Monsieur le Ministre, un article de ce genre aurait pu passer sur un blog personnel, un site de parodie, un site sans crédibilité, un profil de réseau social… mais sur un site qui se réclame d’une république, Monsieur le Ministre, nous nageons, disons-le-nous, à ras de caniveau. Nous nageons dans les déjections de nos bassesses et de nos échecs si un site qu’on associe à notre république peut publier un article qui ne voit les retombées d’un sommet international organisé à coups de milliards que dans les dessous des prostituées.
Monsieur le Ministre, notre république, nous osons le croire, ne peut pas être l’auteur de ce site. Il y a, sûrement, un cybercriminel qui se cache derrière ce site et usurpe le nom du Togo. Dénichons-le, Monsieur le ministre, au nom de notre république, et punissons-le. Punissons le délinquant, le cybercriminel nommé Koffi Souza qui signe la majorité des articles du site et qui semble en être le rédacteur en chef.
Koffi Souza, Monsieur le Ministre ! Voilà le nom du cybercriminel, du malfrat qui usurpe nos emblèmes pour salir l’image de notre pays. Et il doit être puni. Ce n’est pas normal, Monsieur le ministre, que la république mette tout en œuvre pour emprisonner de petits voleurs à la tir, des pickpockets, des braqueurs du dimanche, des gangsters de chambre à coucher, des chapardeurs de canard… tous ces petits bricoleurs du banditisme, ce n’est pas raisonnable que la République les traque, les arrête, les juge, les condamne à la prison et qu’elle ne soit pas en mesure, notre chère république, de dénicher, poursuivre, arrêter, emprisonner le dangereux cybercriminel Koffi Souza qui vilipende ses emblèmes sur Internet.
Monsieur le Ministre, un remède spécial, dit notre adage, se prépare dans une marmite spéciale. A vous de montrer que vous tenez à l’image de ce pays, vous qui êtes chargé d’en gérer la communication, et de faire subir au cybercriminel Koffi Souza, qui traîne notre bouche dans la boue, le traitement réservé à tous les ennemis d’une république. Parce que, Monsieur le Ministre, si nous parlons au monde avec une bouche traînant dans des caniveaux, qui nous écoutera ?
Bien Cordialement