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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 01:32

 

 

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La crise interne au sein de l’UFC entre Gilchrist Olympio et ses amis et Jean-Pierre Fabre et sa bande continue son petit bonhomme de chemin. Et les analyses des intellectuels et journalistes, plus pertinentes les unes que les autres, ne cessent d’alimenter le débat. Ci-dessous l’une des plus objectives et raffinées de Pierre Adjété, Togolais résidant au Québec.

 

 

Rabelais est Togolais!

Pierre S. Adjété

Québec, Canada

 

 

 

Bataille dans la guerre ufcéenne, on peut désormais dire: « Et de grand un pour Gil! »

En effet, de fréquentes batailles vont émailler la guerre familiale entre les deux clans rivaux de l’UFC, l’Union des forces du changement, sans contexte le grand parti politique de l’opposition au Togo. Depuis maintenant cinq mois, s’affrontent ouvertement à l’intérieur de l’UFC, les partisans de Gilchrist Olympio, nommément les Amis de Gilchrist (les AGO) et les fidèles de Jean-Pierre Fabre (les FIDO). La ligne de démarcation entre les deux est tout aussi grande que mince entre les deux camps, que les confrontations sont quasi quotidiennes, d’autant que la rupture n’était nullement préparée. Les uns et les autres se sont donc retrouvés adversaires du jour au lendemain sur des évènements assez anodins qui, en d’autres temps, n’auraient fait aucune vague. Preuve que la mutation même de l’environnement a forcé le changement des comportements politiques au Togo… Ce qui était accepté auparavant ont cessé de l’être; c’était écrit et c’est dans l’ordre normal des choses : « Rien n’est permanent, sauf le changement ».

À bien des égards, il y avait une victoire de fait à J-P Fabre et ses fidèles, les FIDO; leur occupation du terrain et l’adhésion populaire incontestable que draine leur position procurent cette satisfaction d’ordre démocratique. Une victoire de départ, non négligeable. Mais la première vraie bataille formelle vient d’arriver. Elle est d’autant plus importante qu’elle renferme plusieurs dimensions juridiques dont celle de l’appropriation de la dénomination UFC par l’un ou l’autre des deux camps adverses. Ultimement, c’est de cet enjeu dont il s’agit dans cette bataille de Congrès extraordinaire de l’UFC qui avait commencée plus tôt pour s’achever la semaine prochaine : spécialement le 10 août 2010 pour les FIDO à Jean-Pierre Fabre et les 11-12 août 2010 pour les AGO à Gil. Ainsi finira la première grande bataille avec la victoire attendue à Gil. Quant à J-P Fabre, il sait jusqu’à maintenant jouer équipe dans la nouvelle configuration de l’opposition togolaise; une telle logique devrait l’amener à l’audace de la refondation de ce groupe sans abandonner les autres batailles à venir sur le seul front UFC.

La victoire de Gil et de ses AGO sera d’un grand réconfort pour son égo et surtout pour le parti au pouvoir, le RPT. En réalité, c’est une victoire à la togolaise, en dehors de la réalité du terrain. La légalité du parti UFC est un coup de main de l’administration territoriale togolaise, sous la houlette de Pascal Bodjona. C’est cela la politique et, j’aime à l’ajouter, la petite et éphémère politique. C’est donc pratiquement avec nos amis du pouvoir, de Faure à Pascal, que Gil va s’en sortir en se protégeant des militants ufcéens de Lomé et de ses environs ainsi que de tous ceux qui sont des autres fédérations et ne partagent pas son alliance avec le parti présidentiel. C’est sous les réverbères de la télévision nationale togolaise, dans une messe quasi organisée par les officines du pouvoir et du RPT avec des mises en garde gouvernementales; c’est sous la grande arche du professeur de droit administratif Charles Debbasch, garde des sceaux constitutionnels du Togo que Gil va ravir la légalité de l’UFC à notre autre ami Jean-Pierre Fabre et ses FIDO. Bataille gagnée sans gloire aucune pour Gil, malheureusement. En somme, une véritable première de sa vie politique.

La bataille des Congrès qui aurait due être celle d’un seul et vrai congrès de la seule UFC, pour restée crédible, ne résoudra pas la crise politique dans le plus grand parti de l’opposition. Dans une grande illégitimité, Gil restera désormais redevable au RPT, tandis que la stratégie orchestrée par Pascal Bodjona ne changerait pas la réalité politique au Togo. Lorsque la légalité est illégitime, elle n’est plus de droit. Et personne ne s’y trompe, ni au Togo, ni dans les ambassades accréditées au Togo, ni les chancelleries autour du monde. Et c’est aussi dommage qu’une véritable stratégie politique –autre chose que le dol

politique, ne soit pas encore conçue et mise en oeuvre en vue de la réconciliation togolaise. Tout tarde au Togo.

Tout tarde d’autant plus au Togo que le gouvernement togolais se mêle de ce qui ne le regarde pas. Il est sain que des contradictions émergent, se développent et se résolvent dans les partis politiques, pour toutes les raisons. Il n’est nullement aisé de diriger un parti dans quelque opposition politique que ce soit au monde. Dans le contexte togolais, il est tout à fait légal que les décisions du congrès ufcéen de 2008 -régulièrement tenu, soient valides même en dehors du défaut d’enregistrement de certaines parties au ministère de l’Administration territoriale, pour les besoins d’information des tiers; cela est d’autant plus légal que ces décisions étaient bien en application dans le parti –et de bonne foi, jusqu’à l’émergence du conflit actuel au sein de l’UFC.

Les partis politiques régulièrement constitués demeurent source de leurs pratiques et du droit, pas le ministère de l’Administration du territoire. Le parti pris du gouvernement togolais pour Gil et ses AGO, pour explicable que cela puisse être au plan de l’alliance nouvelle Faure-Gil, demeure une preuve de l’émergence et de la consécration d’un esprit hautement conservateur qui reste incapable de concevoir le Togo avec de nobles et respectueuses ambitions des adversaires. Et respecter ses adversaires, c’est les laisser vivre leurs différends et les régler les régler au mieux de leur capacité propre, et aussi longtemps. Le modèle politique qui fonde la gestion de l’administration publique au Togo est à ce point désuet qu’en toute circonstance il finit par desservir les objectifs gouvernementaux et offrir le Togo en spectacle, en diatribe, en raillerie sinon en drame. Car, la table est bien mise pour la répression des uns au profit des autres. Inacceptable!

La vraie bataille au Togo est celle de la vertu politique, celle de l’éthique; comme l’autre qui disait, il y a quelques siècles, que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », je serai tenté de dire que de nos jours, « Politique sans éthique n’est que peine perdue »… Aujourd’hui et désormais, Rabelais est Togolais, du moins jusqu’à nouvel ordre, jusqu’à une nouvelle satire politique dont lui seul a le code secret et la maitrise du temps, et qu’il semble avoir laissé en héritage au Togo.

Encore une fois, la responsabilité de Faure Gnassingbé, la responsabilité d’un chef d’État togolais, c’est bien d’assumer le Togo avec une haute conscience éthique, bien au-delà des soubresauts passagers et de la tentation de la répression facile. Et pourtant, une Togolaise morte, un Togolais de tué dans cette aventure serait toujours un décès de trop pour une véritable avancée politique du Togo.

Participer à l’effondrement manifeste de l’UFC ne donnera aucune voix électorale de plus à Faure Gnassingbé. Cet épisode peut justifier des fraudes électorales futures… pas plus! La vraie solution au drame togolais loge dans un noeud autour duquel Faure tourne depuis toujours, en omettant très consciencieusement, d’y faire face avec un courage politique salutaire. Même la vraie perspective politique immédiate, celle des voix gagnées avec assurance et reconnaissance, viendrait seulement à partir de la stratégie saine et non infectée de tromperie qui est toujours attendue; une stratégie que Faure tarde trop à énoncer, à entreprendre, à risquer, pour son épiphanie politique et celle de la renaissance du Togo.

Faure, Pascal, Gil et consorts s’apprêtent à sabler le champagne d’une réussite mouvante et momentanée sur les FIDO, certes. Mais le Togo reste toujours ensablé. Et à la tête du Togo, un pays si mal en point, Faure doit être en mesure de s’éloigner des attributs et des approches politiques du passé, être en mesure d’offrir mieux et beaucoup mieux en ces temps différents et naturellement exigeants. Je le pense toujours!

 

 

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