Bientôt une nouvelle gnassionnalisation

Bientôt une nouvelle gnassionnalisation !

L’idée de la formation d’un gouvernement d’union nationale, rassemblant toutes ou presque toutes les formations politiques, depuis que la France l’a piochée dans son sac à malices, pour calmer les partis d’opposition toujours victimes des magouilles des partis au pouvoir à l’issue des élections présidentielles, m’a toujours paru une très bonne stratégie pour éviter les incessantes crises dans nos pays. Car, quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent, aucun parti d’opposition de l’Afrique noire, si je ne me trompe pas, n’est jamais arrivé à la suite de ses manifestations et contestations à arracher sa victoire volée par le parti au pouvoir. Ces manifestations naissent, croissent, mûrissent et s’essoufflent en quelques semaines, laissant aux commandes les voleurs qui continuent paisiblement leur règne sans partage, et le peuple dans son suicidaire statu quo.

Depuis le début des années quatre-vingt-dix à nos jours, l’opposition togolaise a utilisé toutes les formes de contestation et de pression, du boycott des élections aux manifestations postélectorales, pour contraindre le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) à quitter ce pouvoir qui ne lui appartient pas, sans pour autant y arriver. Et Dieu seul peut compter le nombre de vies supprimées par Eyadema, ses fils et ses acolytes du RPT, les destins avortés, les rêves brisés... le retard accusé pour rien. Car, il faut le dire, depuis presque vingt ans, la classe politique togolaise et le peuple togolais n’ont fait que tourner sur eux-mêmes, sans un pas en avant ni en arrière, si ce n’est le décor qui a un peu changé avec un fils mal-aimé qui a succédé à un père détesté.

Le gouvernement d’union nationale est donc, selon moi bien sûr, le seul moyen pour les opposants de trouver une place sur la scène politique, et espérer arracher le pouvoir, dans un futur proche ou lointain. Presque toutes les crises ayant opposé les partis d’opposition et les partis au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie et du multipartisme en Afrique ont trouvé des palliatifs à travers ce type de gouvernement. Le récent cas du Zimbabwe entre le vieux et éhonté Mugabe et son légendaire opposant est un exemple parmi tant d’autres. Celui de notre voisin la Côte d’Ivoire aussi.

C’est justement pour cette raison que j’ai toujours jugé inadmissible le refus catégorique de certains partis politiques togolais, l’UFC en tête, de répondre à la main que leur tend de temps en temps et à contrecoeur le RPT, et apprécié d’autres partis comme le CAR représenté par Me Agboyibo et la CDPA du prof Léopold Gnininvi qui ont toujours répondu présent à l’appel du RPT.

Le gouvernement d’union nationale est le seul moyen pour notre pays de s’en sortir. Une fois qu’ils seront aux affaires, même s’ils ne sont pas en position de force, les opposants togolais pourront peu à peu faire effriter le pouvoir du RPT... et l’arracher un jour, ai-je toujours cru... du haut de ma naïveté.

Oui, car il faut vraiment être naïf pour croire que le RPT tend la main aux partis de l’opposition pour les associer à la gestion de la chose publique togolaise. Naïf, il faut vraiment l’être pour oublier que ce RPT qui est aujourd’hui devenu un sac de porc-épic que le peuple togolais ne peut ni porter ni déposer, n’est formé que d’amas de chair et d’os, des bidules qui ont perdu toute notion de bonne foi et de dignité, et qui ne vivent, véritables rapaces, que des carcasses des Togolais sacrifiés.

Cette idée de gouvernement d’union nationale à former après les élections n’est qu’un sésame-ouvre-toi que la France a donné aux tueurs du Togo pour voler les élections devant les yeux de toute la Terre, et revenir, quand le peuple continue de réclamer sa victoire, proposer une collaboration à ceux à qui ils ont arraché la victoire. Les voilà, ces fils de chiens, alors que les Togolais, de plus en plus nombreux, continuent de contester leur impossible victoire, qui parlent encore de gouvernement d’union nationale à cette opposition qu’ils ont trichée, comme on donnerait un morceau de pain sec à un enfant qu’on a frappé et qui pleure.

Et Faure Gnassingbé qui croit jouer à l’intelligent – et c’est ce qui fait rire - et sa jet-set vont encore cibler quelques opposants charismatiques à neutraliser dans ce soi-disant gouvernement d’union nationale, pour les faire détester du peuple. Car, c’est comme cela que le RPT a compris l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Placer des opposants en qui le peuple a confiance dans des ministères où ils ne font rien à part compter du matin au soir le nombre de poils qui composent leur barbe, pour lutter contre l’oisiveté. Les affaiblir, les corrompre, les anéantir. Et le peuple désemparé, qui ne tarde pas à remarquer que ces hommes qui leur avaient promis Terre et Ciel ont aussi rejoint le concert des rapaces, n’a que ses dents à grincer, de colère et de rage. Le prof Léopold Gnininvi et Me Agboyibo ne sont-ils pas des exemples récents de ces ex-opposants aimés du peuple qui ont laissé leur crédibilité dans cette histoire de gouvernement d’union nationale ?

Le prochain gouvernement d’union nationale, gnassionnale plutôt, car il ne servira qu’à gnassionnaliser quelques opposants en qui le peuple a placé ses espoirs, on l’attend. Surtout avec cette opposition qui n’arrive toujours pas à se retrouver... Le frac, ça peut, en une fraction de seconde, passer au crac.