Cinq ans pour rentrer dans l'Histoire

Cinq ans pour rentrer dans l’Histoire

 

Monsieur le Président du Togo, suite à la validation de votre élection, très contestée, par l’opposition et les observateurs de bonne foi, par la Cour constitutionnelle qui ne peut ne pas le faire, je tiens à vous adresser mes félicitations, même si elles ne sont pas très sincères, parce que personnellement j’aurais aimé, comme d’ailleurs l’écrasante majorité des Togolais, qu’un autre accède à la magistrature suprême après le très long règne de votre parti le RPT créé par votre père qui n’a fait que foutre en l’air la dignité de la nation togolaise, l’honneur du peuple togolais et la souveraineté de l’Etat togolais qui passe aujourd’hui pour le petit poucet de tous les Etats africains, piétiné et humilié par tous.

Monsieur le Président, le président du Togo, mais pas des Togolais, il serait très malhonnête de ne pas reconnaître tous les efforts que vous avez fournis durant votre premier quinquennat pour sortir le Togo du bagne dans lequel feu votre père l’avait laissé après trente-huit ans de règne avant de s’en aller par une mort dont le Bon Dieu seul connaît la cause. Oui, Monsieur le Président, vous méritez des éloges très sincères quant aux efforts ineffables que vous avez déployés pour vous asseoir à la même table et discuter avec l’opposition, ce que votre père n’avait jamais fait de son vivant. Vous avez, Monsieur le Président, remis sur les rails la coopération du Togo avec plusieurs partenaires occidentaux, vous avez fait lever plusieurs sanctions qui sur notre bled pesaient depuis le début des années quatre-vingt-dix suite aux imbécillités sans nom de feu votre boucher de père, vous avez donné plus de liberté à la presse privée, vous avez donné un semblant de coup de pouce aux étudiants qui étaient au bord de l’agonie avant votre arrivée au pouvoir en 2005, vous avez paru plus sensible aux lamentations des femmes, des fonctionnaires et des retraités, vous avez essayé – même si vous n’y êtes pas totalement arrivé – de lutter contre la corruption, la tabagie, la délinquance politique, le vol de deniers publics, l’impunité, le népotisme, la vente de drogue… instaurés par votre sinistre père durant presque un demi-siècle dans notre pays. Pour arriver à vos fins, vous n’avez pas hésité à faire emprisonner votre propre frère que vous avez accusé de fauteur de troubles et de coup d’Etat, même si au fond il paraît que cet emprisonnement n’est qu’un coup bas que vous avez comploté contre lui pour neutraliser ses ardeurs à vous détrôner de votre précieux fauteuil présidentiel…

Monsieur le Président, sincèrement, vous avez fourni d’énormes efforts pour faire des ruines qu’a laissées votre dictateur sanguinaire de père un pays flambant neuf, un peuple réconcilié, une nation fière d’elle-même.

Mais, Monsieur le Président, cela n’a pas suffi pour donner les résultats escomptés. Pourquoi ? Parce que votre entourage n’est pas sain. Vous êtes entouré de ces apostats, ces parias rejetés par tout le peuple togolais et que même la mort ne peut pas digérer, qui avaient aidé feu votre père à foutre le Togo dans la boue. Considérez vous-même, Monsieur le Président, ces vieux filous sans dignité qui vous entourent et qui se sont baptisés conseillers à la Présidence. Considérez, Monsieur le Président, ces bandits sans lois que vous nommez chargés de mission à la Présidence, porte-parole de mon cul, porte-parole de mes couilles, ministre chargé de ceci, secrétaire général de cela… Ces petits délinquants devenus de vieux assassins et meurtriers, chassés partout où ils passent pour incompétence, qui remplissent votre parti le RPT et que vous avez nommés à des postes de responsabilité, que peuvent-ils faire, Monsieur le Président, à part multiplier par zéro vos efforts ? Vous avez tout fait pour reprendre la coopération avec les partenaires occidentaux. Mais où sont les retombées ? Ces soi-disant collaborateurs que vous avez, aux figures plus dures que les fesses d’un singe, à qui l’on donnerait soixante-dix ans alors qu’ils en ont à peine quarante, n’ont-ils pas tout gaspillé entre les cuisses des petites étudiantes et les villas de luxe, s’humiliant complètement sur les ondes de RFI quand la question leur fut posée de faire le bilan des fonds reçus des partenaires occidentaux ? Comment pouvez-vous vouloir faire du bien au peuple togolais en travaillant avec des hommes condamnés depuis les entrailles de leur mère à ne répandre autour d’eux que larmes et désolation ?

Monsieur le Président du Togo, qui n’êtes pas le Président des Togolais, reconnaissez, en toute honnêteté, que malgré vos efforts surhumains durant votre premier quinquennat pour bien faire, vous n’êtes arrivé qu’à gagner la haine et le dégoût du peuple togolais, ce peuple qui ne vous a jamais digéré depuis votre venue au pouvoir en 2005 (dans le sang de 500 Togolais) grâce à l’armée et aux institutions internationales ouest africaines, premiers malheurs de notre sous-région. Ouvrez les yeux et voyez vous-même le Togo. Ne considérez pas ces lauriers mensongers dont des adulateurs sans vergogne comme Blaise Compaoré et sa compagnie de menteurs vous ceignent la tête. Le peuple togolais est toujours en train de pleurer sa dignité perdue, les femmes sont toujours, comme Sisyphe, en train de rouler leurs lourds fardeaux, les fonctionnaires continuent d’ahaner tous les jours pour ne pas trouver à manger, les retraités qui ont tout donné à notre pays attendent toujours, comme ce paralytique attendant au bord de la mare biblique, l’ange qui viendrait remuer l’eau pour qu’enfin leurs peines s’évanouissent, les étudiants continuent d’être entassés comme des thons dans des amphithéâtres au bord de l’écroulement et ne mangent pas à leur faim, les jeunes chômeurs ne cessent de s’adonner à la drogue et à la délinquance, les jeunes filles végètent toujours dans l’indigne univers de la prostitution… Mais Lomé 2 et ses très rares visiteurs continuent de faire ripaille, narguant tout un peuple de plus de cinq millions d’âmes, faisant pousser comme des champignons villas et châteaux partout dans le pays… Vous étiez tout dernièrement venu à Bamako au Mali, mais trop bling bling, vous n’avez pas essayé de faire des enquêtes sur les conditions de vie de vos citoyens dans cette capitale. Sinon, une langue sincère vous aurait relaté l’humiliation que vivent au jour le jour les jeunes filles togolaises, ces vaillantes filles ayant quitté leurs familles, en quête de leur gagne-pain, et qui se retrouvent dans les bras de la prostitution, de l’indignité dans les bars et les boîtes de nuit de Bamako, ces pauvres filles qui se font violenter et violer par des clients soûlés, mais qui doivent garder le silence pour ne pas perdre leur boulot, ces filles qui chaque nuit troquent leur fierté contre quelques viles pièces de monnaie alors que vos collaborateurs, membres de la jet-set de Lomé 2, à l’aide des deniers publics volés, envoient les leurs dans les universités les plus chères de l’Occident… Bref, Monsieur le Président, vous n’avez rien changé du Togo agonisant que vous a légué votre sinistre paternel. Vous avez, pendant cinq longues années, donné un spectacle de tortue, dansant pour plaire sans jamais y parvenir. Votre carapace, c’est votre entourage…

Monsieur le Président, ceux qui ont toujours fait les choses au Togo vous ont encore intronisé pour cinq ans. Cinq années que le peuple togolais, comme dans un cauchemar, voit aujourd’hui comme une éternité. Si le Créateur, devant qui votre toute-puissance ne représente rien, ne décide de vous rappelez à lui – nous prions sincèrement que cela n’arrive pas -, vous allez pour la deuxième fois conduire le Togo pendant cinq ans, sans aucun doute. L’opposition togolaise est la plus paresseuse et irresponsable de toute l’Afrique et ne pourra rien pour vous perturber durant votre mandat et l’armée togolaise, propriété exclusive de votre parti le RPT, donc votre propriété, ne vous destituera pas par un coup d’Etat, vous pouvez en être sûr.

Monsieur le Président, cinq ans pour corriger votre faux pas du premier quinquennat, et redonner au peuple togolais ce qu’il veut, la joie de vivre… et espérer rentrer dignement dans l’histoire de ce petit pays, ou continuer avec votre maudit entourage, et gagner, définitivement, comme feu votre père, la haine de tout le Togo, de toute la terre… de l’humanité.

Monsieur le Président, vous voyez donc que ces bamboulas que vos soi-disant partisans abrutis par les billets de banque que vous gaspillez pour les corrompre sont en train d’organiser un peu partout dans le pays ne sont pas nécessaires. Un compte à rebours est lancé pour votre honneur.  

Cinq ans, Faure Gnassingbé, cinq petites années, pour cesser d’être le fils mal-aimé du dictateur sanguinaire détesté que vous êtes aujourd’hui.

Cinq ans, Monsieur le Président, pour rentrer dans l’Histoire…