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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 00:02

 

                                                                      

 

 

La lâcheté s’appelle Faure Gnassingbé

Faure

Si la lâcheté n’avait pas existé, il aurait fallu en inventer pour aider Faure Gnassingbé à gouverner.

Voici plus d’une semaine que notre compatriote et frère de lutte l’opposant Kofi Folikpo a été arrêté à Lomé dans des conditions humiliantes par des gendarmes togolais – ah, les corps habillés du Togo ! alors qu’il se rendait à une réunion de prière du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement, Frac. Et jusqu’ici, malgré ses insistances, le peuple togolais n’a pas encore été éclairé sur les causes de cette arrestation lâche, louche, loufoque, encore moins sur le lieu de détention et les conditions dans lesquelles est détenu ce citoyen dont le seul crime est d’avoir décidé de ne pas cautionner, de dénoncer et crier à la face du monde les magouilles de la maffia Rpt. Une histoire de fou, sans tête ni queue, comme dirait l’autre !

Absolument une histoire de fou d’autant plus que le Togo n’est pas une jungle, même si Eyadema, produit fini de la brousse, y a durant trente-huit années consécutives instauré une barbarie digne d’une vraie jungle pour garder un pouvoir pour lequel il n’est pas fait. Le Togo n’est pas une jungle même si la quasi-totalité de ceux qui prétendent le gouverner aujourd’hui n’ont rien à envier à des brutes, dépourvus de toute intelligence. Arrêter de cette manière des citoyens, sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit, c’est certes une manifestation de l’omnipotence du pouvoir togolais sur les citoyens, tous les citoyens togolais, ce pouvoir illégitime et détesté qui, pour se faire respecter, peut, sur une saute d’humeur, décider de faire ce qu’il veut de n’importe quel citoyen togolais. Mais c’est avant tout un signe d’impuissance, de lâcheté, de cette lâcheté qui caractérise tous ces pouvoirs sans autorité qui ne peuvent se faire accepter que par la violence d’une police, d’une gendarmerie, d’une armée taillées sur mesure, la mesure de l’insolence.

Quand un chef d’Etat, d’un Etat aussi civilisé, cultivé et digne comme celui du Togo, au lieu de discuter avec son peuple - ses militants et opposants, se sert de cette insolence sans nom des corps habillés pour égrener ses mandats illégitimes, cela ne peut avoir qu’un nom, la lâcheté. Lâcheté ! Disons-nous.

Aujourd’hui, les Togolais attendent qu’on leur parle. Les Togolais attendent qu’on leur donne des explications sur tout ce qui se passe dans ce petit rectangle de pays qui ne cesse d’aller de Charybde en Scylla. Qu’on leur explique pourquoi malgré les 60% des voix que le parti au pouvoir prétend avoir remportées aux dernières élections présidentielles, la plus grande partie du peuple se retrouve dans la rue pour contester les résultats. Pourquoi leur pays, malgré ses ressources considérables, ne cesse de voir au jour le jour se creuser l’écart entre lui et les autres pays de la sous-région, même ceux du Sahel si défavorisés par la nature. Pourquoi il n’y a toujours ni routes, ni hôpitaux, ni écoles, encore moins des centres de divertissement dans leurs localités alors qu’il y a quelques mois, on les avait serinés sur la reprise de la coopération avec les investisseurs et partenaires étrangers grâce à la politique de paix et de développement de leur président, ce président qu’ils n’ont jamais voulu, ce président qu’ils n’ont jamais rêvé avoir, mais qu’ils se sont un matin étonnés de voir perché sur le fauteuil présidentiel après son ténébreux père. Les Togolais veulent aujourd’hui comprendre pourquoi c’est toujours eux qui sont livrés en spectacle au monde entier, ridiculisés, humiliés, vilipendés... Et ils exigent que leurs gouvernants les fassent asseoir pour, enfin, trouver une porte de sortie de ce dédale où ils ont été enfermés depuis presque cinquante ans. C’est ce qu’exigent le Frac, le MoLiTo, le Cmaf-Togo, le Cvu... et tous les Togolais restés honnêtes et dignes. Et c’est justement ce qui justifie toute cette agitation qui caractérise aujourd’hui les six millions de Togolais vivant au Togo ou ailleurs.

Et Faure Gnassingbé ne peut pas affirmer que c’est trop lui demander. Les Togolais, à défaut de pouvoir rapidement se débarrasser de lui comme ils l’auraient souhaité, exigent qu’il cesse au moins de les prendre pour des idiots, et leur dise, au-delà des promesses démagogiques des campagnes électorales, ce qu’il compte faire de leur destin durant ce second quinquennat, après le premier complètement raté, comment il compte gérer cette opposition populaire qui malgré les déboires et humiliations ne cesse de résister, de grandir, d’effrayer.

Faure Gnassingbé est aujourd’hui devant un Togo qu’il doit, en bon leader, pouvoir maîtriser, dans toute son effervescence. Un Togo qu’il doit vaille que vaille chercher à négocier. Un Togo déchaîné qu’il ne peut pas gérer, mais qu’il doit chercher à digérer… assumer, oui assumer selon les mots du compatriote Pierre S. Adjété. Et assumer le Togo revient tout simplement à écouter le peuple. À écouter les vrais contestataires de ce pouvoir que tout le monde sait illégitime, à réfléchir sur leurs doléances, et à leur répondre. Bien leur répondre.

Et c’est ce qui tarde à arriver au Togo. Juste parce que le problème que constitue aujourd’hui Faure Gnassingbé pour la présidence du Togo n’est pas seulement une question de forme – son accession à la magistrature suprême qui n’est pas légitime, mais surtout de fond. Eh oui, Faure Gnassingbé n’a pas du tout les capacités, les vraies capacités, de gérer le Togo d’aujourd’hui, ce Togo si complexe et complexé, ce Togo si enragé et frustré jusqu’au seuil du fanatisme, ce Togo désormais prêt à tout pour se faire écouter, qui ne peut être dompté que par le dialogue. Et Dieu seul sait combien de fois, depuis son arrivée à la tête du Togo, Faure Gnassingbé a parlé à son peuple.

En essayant de se cacher derrière la police, la gendarmerie et l’armée togolaise pour étouffer toute contestation de son pouvoir illégitime, Faure Gnassingbé ne fait que dévoiler cette lâcheté qui lui colle à la peau depuis son arrivée à la tête du Togo, de la manière la plus lâche possible, en 2005. Utiliser aujourd’hui Pascal Bodjona et Cie et tout récemment Gilchrist Olympio et ses sombres valets les Ago, et d’autres parias devenus des chiens méchants pour exécuter les dirty works, dissoudre certains partis politiques d’opposition, jouer le rôle de catalyseur dans la destruction d’autres, arrêter les militants de l’opposition, traquer les leaders politiques, mettre en prison tous les citoyens qui osent lorgner le fauteuil présidentiel... ne peuvent en rien sortir le Rassemblement du Peuple togolais de ces beaux draps dans lesquels l’a aujourd’hui enroulé un peuple qui, au fil des jours, comme un voyageur épuisé qui sent sa destination proche, jette ses ultimes armes dans cette longue bataille d’un demi-siècle. Ces actes aussi lâches que celui d’une hyène qui se jette, fière, sur des carcasses déjà vidées de toutes les délices par les vrais prédateurs dont Faure Gnassingbé se sert depuis le début de son second mandat ne peuvent en rien lui donner cette légitimité, cette autorité, cette popularité qu’il fouille terre et ciel pour usurper, sans jamais y parvenir.

Obuts a été bel et bien dissout, mais les militants de Kodzo Agbéyomé n’ont jamais cessé de marcher, de contester. L’Ufc a été divisée, et est aujourd’hui au bord de l’explosion, mais des tee-shirts jaunes continuent, par centaines de milliers, de crier au voleur chaque samedi dans les rues de Lomé. Car l’Ufc, ce n’est pas ces trois lettres, ce rien de sigle aujourd’hui si chère au Rpt et son nouvel allié Gilchrist Olympio. L’Ufc, c’est tout un peuple, toute une histoire, celle du Togo digne qui n’aspire qu’à une seule chose, le changement. Kofi Folikpo a été arrêté, mais c’est des milliers de nouveaux Kofi Folikpo qui ont été créés, et qui réclament aujourd’hui sa libération sans concession... Plus Faure Gnassingbé se cachera dans sa Tour de Babel pour commanditer ces lâchetés, plus il s’enfoncera dans l’impopularité, s’approchera dans ce gouffre qu’il n’a cessé de creuser autour de lui-même depuis cinq ans, et qui finira, bientôt, par l’avaler, l’anéantir, pour le plus grand bonheur des Togolais.

La cause qui pousse la musaraigne à se cacher chez elle pendant le jour et ne sortir que la nuit, la honte, pousse aujourd’hui celui qui prétend avoir remporté la majorité des voix à une élection présidentielle qu’on dit libre et transparente à s’enfermer dans son palais de tours et de détours, de labyrinthes et de dédales, de miroirs et de reflets – les mots sont de l’écrivain congolais Emmanuel Dongala, et envoyer ses molosses dressés massacrer ses adversaires qui exigent simplement qu’il se présente devant eux pour leur parler, les convaincre, et, peut-être, les séduire. J’ignore ce que cela signifie en pays Kabyè, l’origine de Faure Gnassingbé, un lâche, mais en pays éwé et d’ailleurs dans toute l’Afrique, un homme lâche, qui ne peut même pas se présenter devant ses adversaires, n’en est pas un. Et n’a pas sa place dans une société, encore moins à la tête d’un pays. Un pays brave, parbleu !

 

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