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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 00:14

 

Une paire de fesses pour une route

fille

Y a de ces mésaventures dont le dénouement est si heureux que vous finissez par ne plus les regretter, les considérant même comme une aubaine. C’est un peu l’histoire de ce cocu du conte de ma mère, Mère Marthe, qui ayant décidé d’aller se noyer dans la mer après avoir surpris sa femme au lit avec un autre pointeur, rencontra sur la plage une jeune princesse dix fois plus belle et riche que sa femme infidèle, qui tomba amoureuse de lui et l’épousa par la suite. A quelque chose malheur est bon, disent trivialement les revendeuses d’arachide grillée des bords du pavé de Dzidzolé.

En poussant ma moto sur le pont du Fleuve Niger, la tête en feu, le cœur gonflé de rage, prêt à exploser, je maudissais intérieurement ce mécanicien avec qui je m’étais familiarisé depuis mon arrivée à Bamako, mais qui juste pour quelques centaines de francs Cfa n’avait pas hésité à me jouer ce sale tour. Il n’avait pas mis les mille francs d’essence comme je le lui avais demandé après la révision de ma moto.

Et, juste à l’entrée du pont, moi qui croyais mon réservoir plein, je m’étais retrouvé en panne d’essence ! Pousser cette moto, sous ce soleil du Sahel, pour traverser ce pont de presque un kilomètre, dans cette dangereuse circulation de Bamako rendue insupportable ces temps-ci avec le carême qui transforme les musulmans maliens en chiens méchants, de cette méchanceté que savent servir les Africains quand ils ont faim !

Véritable chemin de croix ! Sous le tintamarre des klaxons qui m’intimaient l’ordre de me dégager de la chaussée pour me rapprocher de l’extrémité du pont, ce que je ne voulais pas faire, je n’avais qu’une inquiétude, fasse le ciel que le hasard ne place aucun de mes étudiants, mes étudiantes surtout, en ces parages, pour surprendre leur prof qui aime se la jouer Casanova en train de pousser une moto en panne d’essence !

Humilié, frustré, épuisé, j’arrivai à la station d’essence juste à la sortie du pont après un quart d’heure de calvaire.

- De l’essence, mais vous êtes là pour vendre ou bavarder ? Vous me voyez garer ma moto et vous...

Il se leva en hâte en se précipitant vers moi, sans interrompre la discussion avec son collègue :

- Tu vois, comme c’est ce qu’il a désormais décidé de faire, le seul moyen d’en profiter, c’est de lui placer de belles filles dans tous les quartiers de la capitale, tu vois, hein, comme ça, il va goudronner toutes les voies de tous les quartiers et y construire de belles villas. Ah, pauvre de nous ! Nous souffrons à l’étranger alors que l’argent de notre pays sert à faire ces conneries à vous donner la nausée... Chuaaannn

L’interlocuteur pouffa de rire. Moi aussi. Il s’étonna et me demanda si j’avais compris. Je lui fis savoir en mina que j’avais compris et que je savais de qui il parlait. Il parlait, lui avais-je dit, de ce lâche fils à papa imposé un matin comme président de la République à un pauvre peuple au bord de l’agonie par une maudite armée et les institutions internationales africaines. Cet opportuniste qui se dit jeune, rejeté, vomi, détesté du peuple qu’il prétend gouverner, et qui au lieu de chercher à corriger l’image du fils de dictateur qui lui a toujours collé à la peau, s’est trouvé, selon les rumeurs, pour dada de foutre son bangala dans tout ce qui est trou dans son pays, arracher de petites filles à leurs amants étudiants ou footballeurs, leur construire des villas et goudronner les rues qui mènent à leurs maisons alors que les routes nationales, les boulevards et les avenues du pays n’ont rien à envier à des sentiers tortueux d’un village de montagne.

- Tu as vraiment compris, me fit-il en mina en riant, voilà ton pays, notre pays, et il faut qu’on en parle aux autres. Il faut qu’on les dévoile au monde entier. Passe le message à ton prochain.

Durant le reste de mon trajet vers la maison, je n’ai fait que rire, pensant déjà au titre que je donnerais à la nouvelle qu’il venait de m’inspirer, ce compatriote qui a, comme moi, comme beaucoup de compatriotes aujourd’hui, décidé, dans sa rage contre son pays, de laver le linge sale, les bassesses de ses dirigeants, devant des étrangers, devant la face de la terre.  Oui, mon frère, je passerai le message à mon prochain, mes prochains. Très prochainement. Une courte nouvelle dans un prochain recueil de nouvelles sur cette étrange manière de construire des infrastructures dans un pays ! Une paire de fesses pour une route, nickel comme titre non ?  

 

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commentaires

E
<br /> Ha ha ha, il est bourré d'humour, ce jeune garçon! Bien fait pour Faurevi Vodou<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Hééééé Yaovi! Laisse le jeune prégo travailler les nanas comme il veut! Tè jaloux de lui ou koi, hein? ?Au moins lui qui construit des routes et des villas a ses paires de fesses même si c'est<br /> l'argent du pays. Et vous qui ne donnez rien hein, hi hi hi. Comment vas-tu avec ta grosse tête là? Et Bamako? Tu viens pas en vacances?<br /> <br /> <br />
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