Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 21:41

 

 

 La meilleure part des hommes

 

tristan-garcia-prix-flore.JPG

Tristan Garcia

Il y a de ces livres qui vous fascinent, vous pénètrent jusqu’au point où vous semblez oublier toutes les belles pages que vous avez déjà lues de votre vie, et croyez que jamais avant, vous n’aviez lu un autre livre qui vous a plu. Et dans ces cas, je ne peux m’empêcher, au moins jusqu’à la lecture d’une nouvelle découverte qui m’emballe, de répéter le titre de l’œuvre-amour, ou le nom de l’auteur si je ne le connaissais pas avant. Ceci m’est déjà arrivé avec des œuvres comme Les Dents du topographe de l’écrivain marocain Fouad Laroui, Le Village de l’Allemand de Boualem Sansal, Le Chien d’Ulysse de Salim Bachi, La Rêveused’Ostende d’Eric-Emmanuel Schmitt, L’Homme dit fou et la mauvaise foi des hommes de Florent Couao-Zotti, Jazz et vin de palme d’Emmanuel Dongala, Tribaliques d’Henri Lopes, Les Rochers de Poudre d’Or de Natacha Appanah...  De ces livres-coup-de-foudre, comme les appelleraient les petites et petits gâtés qui croient croire en l’amour.

La Meilleure part des hommes. Le titre que je ne peux, depuis deux jours maintenant, passer cinq minutes sans répéter. Une des grandes révélations de la rentrée littéraire 2008, ce roman publié chez Gallimard en 2008 et récompensé la même année par le prix de Flore, écrit par un très jeune auteur de 27 ans, Tristan Garcia, qui signait ainsi son premier exploit, m’était jusque-là resté inconnu, juste parce que les deux romans qui avaient réellement retenu mon attention durant cette rentrée littéraire et que j’avais cherché à lire étaient Une Education libertine de Jean-Baptiste Del Amo, et Pierre de Patience d’Atiq Rahimi (Prix Goncourt 2008).

Tristan Garcia et son livre, La Meilleure part des hommes, j’en avais pourtant entendu parler en 2009 par un camarade togolais étudiant en France. Mais je n’avais pas cherché à le lire. Les découvertes, les vraies, ça a des fois cette manie de se faire vraiment... découvrir !

Voici quatre jours qu’au Centre culturel français de Bamako, le titre du roman m’étant par hasard passé par la tête, j’ai décidé de le lire. Je le lus en deux jours. Trois fois cent pages. Pas très gros.

L’histoire ? Une scène d’amour et de haine entre deux pédés, un jeune homme William Miller né à Amiens et ayant très tôt rejoint Paris et un ancien militant gauchiste Dominique Rossi fondateur dans les années quatre-vingt du premier grand mouvement de lutte et d’émancipation de l’homosexualité en France. William Miller, jeune écrivain, véritable trublion, qui ne peut manifester son amour qu’en faisant chier son entourage, s’oppose à la lutte de son ex-amant Dominique Rossi qui prône l’utilisation du préservatif. La narratrice, Elizabeth Levallois, journaliste de trente-trois ans, ami de William et collègue de Dominique, voit les deux amants s’aimer, se filer le sida, se haïr... puis, à la fin, se détruire avec la mort, très triste, du jeune William, dans une France grouillant dans une fiévreuse vie politique, avec toile de fond l’homosexualité qui emballe... et détruit la jeunesse.

Tristan Garcia, un de ces auteurs dont les critiques littéraires disent « il a du style », aborde, par une langue pas-si-pure-que-ça, mais bien maîtrisée, bien travaillée, dans un registre qui colle très bien à la narratrice et son grinçant humour, un thème très sensible, d’actualité, mais qui reste difficilement abordable sous certains cieux, les nôtres par exemple, l’homosexualité. Des personnages qui se laissent découvrir au fil des pages. Qui pèchent et se repentent - à l’instar de Liebo, l’amant de la narratrice, intellectuel médiatique, ou qui persistent dans « le mal », comme le héros, William Miller qui n’a autre moyen de prouver son amour que par la provocation. Un livre qui part d’une banalité apparente pour se refermer sur une profonde méditation sur la nature, la vraie, des hommes qui aiment ou qui détestent, qui se font aimer ou détester.

Des extraits de la fin : « Il y a des êtres humains dont toute la valeur, toute la vie, est à l’intérieur, et il n’y a bien sûr aucun autre moyen de le vérifier, de le mesurer, de savoir qu’ils sont potentiellement extraordinaires, ou médiocres, que de vivre en leur compagnie... Les hommes dont la meilleure part n’est pas le cœur, mais tout autour d’eux, leurs actes, leurs paroles, et tout ce qui s’ensuit, leurs parents, et leurs héritiers – ils se survivent, leur disparition n’est finalement qu’une péripétie de leur plus longue durée, à nos yeux. Quant à la meilleure part des hommes qui la gardent dans leur cœur, faute de mieux, jusqu’à la dernière heure, elle vit, mais aussi elle meurt avec eux. »

 

Tristan Garcia, La Meilleure part des hommes, Roman, Gallimard, 2008.




 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Agenda de ma boucherie
  • : Ce que je pense du Togo, de l'Afrique, et du monde qui m'entoure. Curieuse manière de le dire des fois, mais bah....
  • Contact

La Poétesse de Dieu

 

En librairie

 couerture-site.png

 

 

Fratricide.jpg

 

 

Gigolo-COUV.png

 

APO-FACE.JPG

Partenaires