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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 14:53

http://www.lexpress.fr/pictures/943/483125_des-combattants-islamistes-d-ansar-dine-a-kidal-au-mali.jpg

                                              Combattants islamistes d'Ansar Dine

 

Nous sommes consternés. L’armée malienne est en déroute. En 24 heures d’affrontements, les islamistes armés ont réussi à s’emparer de la ville de Konna, se dirigeant vers la ville de Mopti, ville abritant un aéroport international, ville très stratégique donc. On parle désormais du centre du Mali occupé. Reprend ainsi le cauchemar de Janvier 2012 où les rebelles touaregs ont marché sans résistance sur les localités du Nord, l’humiliation de mars 2012 où Gao, Kidal et Tombouctou furent prises par les islamistes en trois jours. Tout se passe comme si notre armée ne combattait même pas, comme si elle cédait volontiers les villes aux assaillants.

On nous a pourtant promis que l’épisode de la déroute d’avant le putsch du 22 mars où nos militaires laissaient armes, munitions et matériels pour fuir devant les rebelles n’allait plus se reproduire. Que c’était Amadou Toumani Touré, le traître national, qui avait vendu le Nord aux rebelles. Que c’était lui qui trahissait nos militaires. Que c’était lui qui avait détourné les fonds destinés à équiper l’armée malienne. Que c’était lui qui refusait de donner l’ordre aux combattants loyalistes de massacrer les rebelles. Que son départ mettait fin à ce cauchemar. Que notre armée, prise en main par le tout-puissant capitaine Sanogo, est maintenant bien équipée et complètement motivée pour faire la guerre. Que nos militaires sont suffisamment formés pour expulser en un clin d’œil la centaine de djihadistes. Qu’il y a désormais un ordre et une harmonies complets qui règnent dans l’armée... Que… Que…

Mais quelques heures d’affrontements nous ont une fois de plus remis devant l’évidence, celle que nous avons toujours refusé d’accepter depuis la prise des premières villes du Nord. On n’a pas besoin d’une éternité pour le dire, l’armée malienne n’est pas en mesure de combattre les assaillants. Cette armée sous-équipée, pas équipée, s’est retrouvée déchiquetée en lambeaux depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, où surgi de nulle part le capitaine Sanogo a instauré une cacophonie totale, avec la bénédiction de certains hommes politiques et intellectuels maliens troubles, traquant et humiliant ses supérieurs, faussant la hiérarchie qui doit régner dans toute armée. Cette guerre n’a jamais été à la portée de l’armée malienne. Elle ne le sera pas. Bienvenue, donc, à tous les pays, africains ou pas, qui veulent sauver le Mali de ce violent soufflet.

Les discours chauvins et démagogiques peuvent aider un sous-officier-putschiste raté appuyé par des intellectuels et hommes politiques aigres à rassembler des foules analphabètes, à leur faire réciter des injures et des diffamations contre la Cedeao, l’Union africaine, l’Organisation des nations unis... et leurs dirigeants, à gaver des masses ignares et violentes de chimères, leur miroitant des richesses que posséderait le Mali et qui rendraient envieux l’Occident, à pousser des jeunes oisifs à aller envahir le tarmac d’un aéroport pour empêcher une délégation de la Communautéinternationale d’atterrir… le chauvinisme et la démagogie peuvent blanchir un vulgaire gadget fauteur de coup d’Etat et le transformer en héros national, mais ils ne peuvent, jamais, permettre à une armée désorganisée de tenir devant un groupe de combattants extrémistes motivés et déterminés.

Que ces intellectuels et hommes politiques maliens ayant passé leur temps à dénigrer l’intervention d’une force internationale pour soutenir l’armée malienne s’expriment, qu’ils parlent et que tout le monde puisse les écouter, qu’ils disent comment ils se sentent devant la nouvelle humiliation que subit l’armée malienne au front, qu’ils disent ce qui a évolué dans cette armée depuis le putsch du 22 mars 2012, qu’ils énumèrent les victoires qu’aligne l’armée malienne aujourd’hui, et qu’elle n’a pas pu réaliser en janvier 2012 sous Amadou Toumani Touré, qu’ils chantent ce que la prise du pouvoir par le capitaine Sanogo, les discours démagogiques et autres diffamations contre la communauté internationale ont apporté de nouveau, de positif au Mali.

Les rideaux sont montés. Il est sorti de nulle part. N’a rien. N’est rien. A pris le pouvoir, portant la lourde responsabilité de celui qui a tordu le cou à une démocratie de vingt ans, fût-elle boiteuse, promettant aux Maliens de libérer le plus vite possible les villes du Nord occupés. Trois jours après, il s’est retrouvé avec les deux-tiers du Mali occupés. Dix mois après, aujourd’hui, il assiste, depuis son camp, parmi sa cohorte de gardes, à la marche triomphale de l’ennemi vers la capitale malienne… Que tombent les rideaux. Le drame du capitaine Sanogo ne peut plus avoir de suite. A sa place, un militaire, un vrai, qui a le sens de l’honneur, doit se donner la mort. Parce qu’il a échoué. Complètement.

 

PS : Le titre du billet est inspiré du titre  du roman « Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation » de l’écrivain camerounais Mongo Beti

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commentaires

D
Ils sont enfin arrivés, nos renforts, croisons les doigts, chère Rita.
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D
Merci, chère Marine. Ce n'est pourtant pas si compliqué à comprendre. C'est notre chauvinisme aveugle qui nous tue!<br /> Amitiés
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R
Que les renforts arrivent enfin...le pays brule nom de Dieu.
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M
Chapeau l'artiste . On aurait aimé lire et entendre un tel discours de la part de tous les sois disants intellectuels africains. Ceux la qui sont tous prompts à nous rabacher les tympans de<br /> nationalisme de pacotille .
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