De la chinoiserie... Ah, non!

De la chinoiserie... Ah, non !

Après le Sénégal, le Togo et le Cameroun, c’est au tour de la République démocratique du Congo de Mobutu de rentrer, le 30 Juin 2010, dans la grande danse de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance des anciennes colonies d’Afrique.

Emission spéciale consacrée par TV5 Afrique à ce pays, le plus riche au monde, dit-on, par ses richesses naturelles.

Le constat, comme dans la quasi-totalité des pays africains, est le même : parfaite absence d’infrastructures. Les routes, en pleine capitale Kinshasa, sont dans un état plus piteux que celles du Togo mien, centres de santé insuffisants, écoles introuvables même dans la capitale et les grandes villes du pays, mauvaise qualité de l’éducation, et surtout une très mauvaise gouvernance caractérisée, comme au Togo, par un de-père-en-fils qui couve incompétence, corruption, népotisme, gabegie, musellement de la presse, intimidation de l’opposition... Un peuple révolté mais impuissant, au bord de l’agonie. L’Afrique, noire, comme elle sait se mettre en valeur, quoi !

Cependant, les responsables congolais interviewés sont confiants, ils ont engagé la RDC sur la voie du développement. La clé ? Eh bien, la Chine ! China, pour l’appeler par son  vrai nom.

Je n’ai rien, mais absolument rien contre le pays de grand-père Mao. Ce pays, je ne le connais pas assez pour l’aimer ou ne pas l’aimer. Je sais simplement que c’est un pays qui n’aime pas respecter les droits de l’homme, un pays très proche de l’Afrique quant à certaines pratiques barbares qui ne prouvent en rien une civilisation polie et raffinée, un pays-cauchemar qui maltraite injustement, très injustement, son voisin le Tibet, un pays qui est capable de vendre du lait frelaté aux autres pour gonfler ses exportations... Mais je sais aussi que c’est ce pays qui, depuis plus d’une décennie, comme frappé d’une baguette magique, s’est lancé dans un processus de développement spectaculaire qui a très vite fini par payer, le plaçant aujourd’hui à la tête du hit-parade des nations. Un pays – pourquoi ne pas l’avouer ?- qui fait désormais vivre l’Afrique, mettant gracieusement – gracieusement et non gratuitement, bien sûr – à notre disposition des produits de grande nécessité très longtemps éloignés de nous pour leur coût pas à la portée de nos bourses : postes de télévision et radio, téléphones portables, ordinateurs, motos... La Chine premier exportateur de produits électroniques – attention, pas alimentaires, bon Dieu !- vers l’Afrique. Oui ! La Chine premier partenaire d’affaires du continent noir. Oui. La Chine qui doit inspirer l’Afrique quant à son modèle de développement. Oui...

 Mais la Chine messie des pays africains ! La Chine qui veut aider les pays pauvres, comme le disait un entrepreneur chinois dans le documentaire, la Chine qui, dans sa très grande miséricorde se voit investie de la divine mission de venir sauver l’Afrique du sous-développement, la Chine humaniste qui n’a pas fini de brimer les droits du Tibet, qui dépasse ses voisins les plus proche mille fois plus pauvres que n’importe quel pays du continent noir, pour venir faire l’aumône en Afrique !  Non !

La Chine ne peut pas aider, sauver les pays africains. La Chine ne veut pas et ne voudra jamais sauver les pays africains. Parce que même pas un seul pays au monde ne se développe pour aider les autres. Pourquoi le faire d’ailleurs ? Les milliards que nous croyons, bornés comme toujours, que la Chine est en train d’investir pour aider l’Afrique à se développer, elle les aurait épargnés pour prendre en charge ses sinistrés durant les fréquents séismes et catastrophes naturelles qui ne l’ont jamais épargnée. Si la Chine avait de l’argent en abondance dont elle n’a pas besoin, et qu’elle doit distribuer aux pays pauvres, elle aurait, elle seule, volé au secours des Haïtiens pour participer à la reconstruction de ce pauvre pays qui a plus besoin d’aides que n’importe quel pays africain.

La Chine peut appeler ses investissements en Afrique comme elle veut : aides au développement, coopération gagnant-gagnant, coopération Sud-Sud... toute la noirceur de ses démarches crie très haut dans ces gisements des pays africains qu’elle hypothèque à moyen et des fois à long terme, et dont elle tire, obligatoirement, des revenus incomparables à ses investissements. En RDC par exemple, contre la construction de routes, elle s’est donné le droit d’exploiter à moyen terme des gisements de cuivre de ce pays. La Chine a exploité pendant des années des entreprises de certains pays africains pour leur avoir construit un palais de la présidence ou un stade de foot.

La Chine investit en Afrique dans des domaines qui ne constituent pas du tout une priorité pour le développement de l’Afrique. Et il faut voir là la mauvaise foi qui se cache derrière ce que nous appelons aides venant de ces petits hommes. Des réalisations qui ne peuvent jamais être exploitées à fond et servir aux peuples dans les conditions actuelles où vivent les pays africains. Les stades de football, les palais de la présidence, les routes et les échangeurs... même les hôpitaux et les écoles bien bâtis ne peuvent pas combler aujourd’hui les attentes immédiates des peuples africains. Car ce n’est pas d’un hôpital bien présentable et équipé que veulent les peuples, mais une assistance à moindre frais, un service de qualité. Les hôpitaux bien tapés, il faut des médecins bien formés pour y travailler. Les bâtiments des écoles, il faut des enseignants bien formés et dans de bonnes conditions pour les mettre en valeur, à moins que nous demandions à la Chine de nous les remplir, après les avoir construits, de ces gigantesques marionnettes que l’on voit dans les rues de Pékin durant les carnavals, et qui n’ont pas besoin d’enseignants.

Les réalisations que fait aujourd’hui la Chine en Afrique, ces réalisations que nous prenons pour le sésame-ouvre-toi de notre développement, et contre lesquelles nous laissons ces asiatiques piller nos gisements, ne servent pas. Elles ne peuvent, pour le moment, servir à rien. La plus grande aide au développement que l’on puisse aujourd’hui faire à l’Afrique, on ne le dira jamais assez, c’est de l’aider à bien former ses fils et filles, mettre à la disposition des jeunes Africains une formation de qualité surtout dans les domaines scientifiques, car, pour le moment, ce que l’Afrique appelle intellectuels, ce n’est qu’un groupe de juristes, d’hommes de lettres, d’historiens, d’économistes, de sociologues et tout le bazar de beaux parleurs qui n’hésitent même pas pour une seconde à se reconvertir en hommes politiques, véritables démagogues trompeurs de peuples, et qui n’ont pour ambition que de vite s’enrichir par le vol de la res publica, sachant très bien que leur profession ne pourra jamais les faire manger à leur faim.

La Chine, pour se développer et monter sur le piédestal d’où nous la voyons aujourd’hui, n’a sollicité aucun pays au monde pour lui construire des routes, des hôpitaux, des terrains de foot... Elle a mis en valeur son facteur humain très considérable. La Chine doit son développement aux Chinois. A la bonne formation, et surtout au courage et à la détermination des Chinois.

Et si l’Afrique du cinquantenaire n’a toujours pas compris que c’est de son milliard d’habitants que doit venir son développement, et attend, comme toujours, son salut des autres, la Chine, eh bien, je crois que la fin de ce siècle nous verra en pleine lutte d’indépendance contre la Chine, notre nouveau colonisateur, et comme chez eux ils ne connaissent pas les droits de l’homme comme les Occidentaux...  Allez, à chacun d’imaginer ce que pourront nous faire ces petits messieurs aux petits yeux, nos futurs maîtres, si nous osons leur désobéir.