Faure Gnassingbé, le règne des armes !
La hausse du prix du pétrole, on y assiste dans beaucoup de pays de l’Afrique occidentale, dont le Mali. J’ai déjà assisté à plusieurs manifestations dans ce sens, ici. J’ai assisté, ici au Mali, à des manifestations sur des questions très sensibles, des questions touchant au cœur de la société malienne, comme un nouveau code de la famille voté par le Parlement malien en 2009 et rejeté par toute la population malienne. J’ai assisté à des manifestations des étudiants maliens déchaînés et cassant tout sur leur chemin. Mais jamais à une répression des porteurs d’armes. A des civils tués ! Les gouvernants maliens ont toujours réussi à trouver des consensus. Le dialogue, c’est la seule arme capable de calmer un peuple en furie.
Si Faure Gnassingbé, son gouvernement, l’armée et la gendarmerie togolaise doivent commencer à tuer des Togolais qui manifestent, il faut se dire qu’avant la fin de leur deuxième mandat, ils risquent de finir les six millions de Togolais, et seront obligés d’aller demander à la Chine de leur donner le surplus de sa population à gouverner, s’ils ne veulent accueillir les Haïtiens qui viendront bientôt s’installer sur le sol africain sur les conseils de Me Abdoulaye Wade. Comme des manifestations, ils en verront de toutes les couleurs durant leur nouveau mandat. Car, ce que cherchent les Togolais, ce qu’ils ont toujours cherché et n’ont jamais trouvé, ce qui les met aujourd’hui dans les rues, ce qui les pousse à manifester, c’est ce quelque chose auquel ne peut jamais renoncer un être humain, aussi avili et terrorisé soit-il, ce quelque chose qui ressemble à la joie de vivre, la quiétude de la survie.
Oui, le peuple togolais est à la quête de sa quiétude de la survie, et aussi longtemps que son sang coulera dans ses veines, il manifestera pour la trouver. Rien, mais alors rien, ne peut empêcher les Togolaises et les Togolais de réclamer leur quiétude de la survie. Car la quiétude de la survie, c’est de trouver, chaque jour, au moins une seule fois, quelque chose pour tromper sa faim, un toit où se protéger contre la nature, un sourire pour faire semblant d’être heureux.
Oui, voilà tout ce que demande le peuple togolais. Manger quelque chose chaque jour pour ne pas mourir de faim, se protéger de la manière la plus modeste possible, et surtout sourire. Pas rire, mais sourire ! Et tant qu’ils ne la trouveront pas, leur quiétude de la survie, ils manifesteront, se révolteront contre toute décision venant de ce pouvoir qui prétend les diriger.
Car, ce n’est pas contre la hausse du prix du pétrole que protestent les Togolais, mais contre ce régime qu’ils n’ont jamais digéré, et qu’ils ne digèreront jamais. Le peuple togolais manifeste parce qu’il veut montrer aux yeux de toute la Terre qu’il n’a jamais voté pour ce parti qu’on dit avoir remporté la présidentielle du 04 mars dernier avec plus de 60%. Que ces messieurs qui l’ont pris en otage ne représentent rien pour lui. Que ce sont des usurpateurs, des indésirables qui se sont invités à une noce pas à eux destinée. Les Togolaises et les Togolais vont toujours se jeter dans la rue pour un oui ou pour un non, juste pour montrer qu’ils détestent leurs dirigeants. Qu’ils les considèrent comme leurs ennemis. Et à travers cela ils montrent les faiblesses de ce régime sans autorité instauré au Togo depuis presque cinquante ans.
Que le pouvoir, s’il dispose vraiment de l’autorité indispensable pour gouverner, agisse devant le peuple. Qu’il parle, qu’il s’impose ! Que le RPT montre qu’il est vraiment à la hauteur. Qu’il maîtrise le Togo ! Sans armes, bien sûr !
Qu’est-ce qui empêche Faure Gnassingbé, s’il est réellement sûr d’être le président voulu et élu par les Togolais, s’il est vraiment sûr que le gouvernement qu’il vient de former répond aux aspirations du peuple togolais, d’aller vers les syndicats pour discuter avec eux ? Qu’est-ce qui peut bien pousser un président qui se sait aimé, un président à la tête d’un pays depuis plus de cinq ans, à se camoufler derrière l’armée, la police et la gendarmerie pour fuir les assauts de son peuple déchaîné ? Libérer les corps habillés pour aller tirer sur quelques manifestants protestant contre la hausse du prix d’un produit de première nécessité ! Pourquoi le RPT ne peut-il pas, s’il est vraiment sûr d’être le parti qui dirige le Togo, dialoguer avec les Togolais ?
C’est le comble du ridicule, oui, vraiment, que Faure Gnassingbé croit qu’en se réfugiant dans cet omerta qu’on lui connaît, signe de son incapacité avérée à affronter le Togo, il pourra, on ignore par quel moyen, légitimer son pouvoir. Qu’en laissant l’armée et la gendarmerie molester le peuple togolais, il pourra en toute quiétude consommer ses cinq années.
Un pouvoir illégitime ne peut faire exécuter ses décisions que par la force, je l’ai déjà souligné dans ce blog. Mais il y a déjà trop longtemps que le peuple togolais n’a plus la moindre envie de se laisser impressionner ni par la police, ni par la gendarmerie, même pas l’armée. Et si c’est sur les armes que Faure Gnassingbé compte fonder son pouvoir durant son second mandat, lui qui est arrivé à la tête du Togo en 2005 dans un bain de sang, qu’il pense déjà à faire d’importants stocks d’armes, comme ceux que son sinistre père a passé son règne à faire avec toute l’économie du Togo ne lui suffiront pas pour maîtriser un peuple depuis longtemps révolté.
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