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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 14:00

 

 

L’âme damnée de Gilchrist !

gilchrist

 

 

Monsieur Gilchrist Olympio,

J’espère que vous connaissez bien ce proverbe de chez nous qui stipule qu’un caïman qui s’aventure hors de la rivière se voit embêter par les poussins. Et vous en connaissez, j’espère, le sens. Quiconque ne sait limiter son zèle finit toujours par se faire humilier par des gens de moindre importance. Vous avez, Monsieur Olympio, euh Monsieur Gilchrist – vous ne méritez pas le nom de votre illustre père - dépassé les bornes. Et c’est pour cette raison qu’une personne de moindre importance comme moi, ignorant la cinquantaine d’années qui me séparent de vous, va vous parler comme on ne vous a jamais parlé du haut de votre piédestal.

En fait, Monsieur Gilchrist, je vous parle ce soir comme on parlerait à un cadavre, car je suis totalement convaincu que votre âme s’était échappée de votre corps depuis votre chute dans les escaliers, et vous n’êtes actuellement qu’un amas de chair, d’os et de sang, sans âme ni esprit, qui erre çà et là comme une feuille morte au gré du vent.

Monsieur Gilchrist, sachez que depuis le début des années deux mille, quand j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la politique de notre pays, je ne vous ai jamais apprécié, car toutes vos actions consistant à catégoriquement rejeter les yeux fermés toute collaboration avec le parti au pouvoir, le Rassemblement du Peuple Togolais, m’ont montré que vous n’êtes pas un homme politique sérieux, soucieux de l’avenir de notre pays. Vous n’êtes qu’un méchant revanchard avide de pouvoir et de louanges, animé par une mégalomanie sans nom. Et jamais je n’ai nourri envers vous, contrairement à la quasi-totalité du peuple togolais, la moindre admiration. La preuve ? Dans ma trilogie L’Elu de la réforme, Le Fratricide de la réforme, Le Gigolo de la réforme, parue en 2009, vous m’avez inspiré un personnage récurrent dans ces trois livres. Un opposant peint sous le nom de président national du parti de la réforme, traité d’opposant revanchard, vieux métis descendant d’affranchis brésiliens vendeurs d’esclaves, opposant trouillard, pauvre type chassé de son domicile en Belgique pour non-paiement de frais d’électricité et de loyer...  Vous m’avez inspiré dans ma fiction un opposant radical devenu un président autoritaire et méchant, dix fois plus inhumain que le dictateur qu’il a passé toute sa vie à combattre, un tueur sans cœur...

Monsieur Gilchrist, reconnaissez que j’ai raison de ne pas vous aimer, car vous êtes effectivement ce que j’ai toujours pensé de vous depuis dix ans, et que le peuple togolais vient de découvrir. Un traître.

Vous avez décidé, Monsieur Gilchrist, de faire entrer sept membres de votre parti, l’Union des Forces de Changement, dans le gouvernement d’union nationale du Rassemblement du Peuple Togolais, après sa pseudo victoire à l’issue de l’élection présidentielle du 04 mars 2010. Quoi de plus logique ! C’est d’ailleurs ce que j’ai toujours préconisé pour notre pays. Le partage du pouvoir. La réconciliation. Pour qu’enfin, notre pays retrouve son sourire perdu depuis le début des imbécillités de feu Gnassingbé Eyadema. Vous avez déclaré sur la Radio France Internationale  que la situation du Togo, caractérisée par une absence d’infrastructures, une agonie de l’éducation et de la santé... vous a poussé à prendre cette décision de travailler avec le RPT. Quel bon citoyen soucieux du développement de son pays vous êtes, mon vieux !

Mais vous savez, Monsieur Gilchrist, aucun Togolais n’est idiot, si ce n’est peut-être vous seul. Voulez-vous affirmer que c’est cette année 2010, année où suite à votre chute dans les escaliers – je ne sais pas si vous avez fini par attraper l’épilepsie – vous n’avez pas pu représenter votre parti aux élections présidentielles, année où vous avez été lynché par vos propres militants, année où vous n’êtes plus le messie à qui le peuple togolais chante alléluia... que vous avez fini par voir la condition misérable du Togo ? N’avez-vous pas depuis le début des années quatre-vingt-dix qui vous a vu arriver sur la scène politique togolaise avec la création de votre parti l’UFC remarqué les atroces souffrances des Togolais, pour accepter le partage du pouvoir avec le RPT ? Est-ce la première fois que le RPT vous propose le partage du pouvoir ? N’avez-vous pas exclu de votre parti des cadres qui ont osé se rapprocher du RPT, les traitant de militants-satellites ?  Pourquoi cette envie de partage du pouvoir vous a-t-elle subitement pris, vous qui il y a à peine quelques mois refusiez même une coalition avec d’autres partis d’opposition ? Gilchrist Olympio partageant le pouvoir avec son ennemi le RPT ! Trouvez, Monsieur Gilchrist, que le tableau est trop incroyable pour être du vrai. Les médias internationaux qui en parlent y croient à peine.

Monsieur Gilchrist, votre logique de partage du pouvoir, que vous avez commencé à développer depuis quelques semaines, et que vous avez concrétisée le mercredi 26 mai 2010 en signant l’accord d’entrée de sept de vos membres au gouvernement de Faure Gnassingbé n’a qu’un but : fragiliser et anéantir le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement où milite votre secrétaire général Jean-Pierre Fabre devenu votre ennemi à abattre pour avoir osé se présenter aux élections présidentielles à votre place. Vous préférez détruire votre propre parti et toute l’opposition togolaise, vous préférez voir le RPT continuer de punir le pauvre peuple togolais par sa sanglante dictature, plutôt que de voir un autre diriger l’opposition togolaise, fût-ce votre collaborateur le plus fidèle. Pendant que l’opposition et tout le peuple sont en train de revendiquer leur victoire volée, vous partez vous allier, de la manière la plus malhonnête, avec les bourreaux du Togo.

Monsieur Gilchrist, j’ai vu, un soir d’avril 2005, au quartier Adidogomé-Soviépé à Lomé, deux jours après la proclamation des résultats frauduleux des élections présidentielles qui avaient intronisé Faure Gnassingbé, une femme d’une soixantaine d’années se jeter, nue, devant une foule horrifiée, sur le corps de son fils unique qui venait d’être tué à coups de balles par les milices du RPT pour avoir milité pour vous durant la campagne électorale. J’ai vu, au quartier Dzidzolé, pendant cette sombre période de l’histoire de notre pays, une jeune fille d’une vingtaine d’années enceinte pleurant son amant sorti très tôt le matin et qui lui fut retourné mort, frappé à coups de gourdins par des militaires togolais. D’autres ont vu des scènes plus horribles que je ne vais pas vous décrire car vous les connaissez bien. D’autres encore, plus âgés que moi, ont vu les parents et les amis de Tavio Amorin pleurer leur étoile assassinée. Vous n’avez pas, j’espère bien, oublié tous ces corps ayant rempli les lagunes de Lomé dans les années quatre-vingt-dix ! Que de cadavres vous avez sur la conscience, mon vieux ! Qui sait si ce n’est eux que vous avez vus dans les escaliers et qui vous ont fait tomber !

Monsieur Gilchrist, après avoir fait tuer et mutiler tous ces innocents qui n’avaient commis qu’un crime, croire en vous, après avoir, pendant vingt ans, fait basculer le Togo dans cette misère et honte sans nom, après avoir poussé les Sudistes à détester leurs frères nordistes, après avoir séparé des amis, des amants, des parents et leurs enfants... vous avez décidé de collaborer avec le RPT que vous avez promis au peuple d’éradiquer par tous les moyens ! Vous avez décidé de trahir ce peuple qui vous a tant aimé, juste parce que vous sentez que plus jamais vos vieilles fesses ne toucheront ce fauteuil présidentiel qui vous a tant fait rêver !

Bonne chance, mon vieux. Le bureau de votre parti l’UFC n’avait même pas besoin de vous exclure, comme vous vous êtes déjà exclu du Togo, de ce monde. Ayez seulement, mon vieux, le courage de supporter tous ces fantômes errants de ces innocents par votre faute immolés par le RPT depuis les années quatre-vingt-dix. Ces fantômes qui vous hanteront chaque seconde et vous feront faire d’interminables cauchemars, s’ils ne vous font dégringoler dans les escaliers.

Que le Seigneur prenne pitié de votre âme damnée. Dites-moi Amen, Monsieur Gilchrist !

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