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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 22:34

 

 

 

 

Lettre ouverte au Haut Peuple togolais

 

 

 

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Honte à qui peut chanter, pendant que Rome brûle !

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, vous que je nomme le Haut Peuple, par opposition au Bas Peuple que nous connaissons tous, c’est par cette formule de Victor Hugo, monument incontournable de la littérature française, figure emblématique de la politique de son temps, que je vous convie à écouter la voix du Togo, la voix vôtre.

Que vous résidiez au Togo, ou ailleurs sur le globe, ce message, celui de votre pays, votre message, vous est adressé.

Car, aujourd’hui, notre Rome brûle. Oui, le Togo, le seul coin ici-bas qui soit réellement nôtre, est en flammes. Le Togo brûle et nous savons tous pourquoi. Notre Togo est embrasé par ses propres fils, qui se sont lancés dans une guerre fratricide pour s’emparer de la res publica. Le Togo brûle du RPT, de l’UFC, du CAR, de la CDPA... De toutes ces formations politiques devenues aujourd’hui le cauchemar du Bas Peuple togolais.

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, vous connaissez tous l’état de votre pays aujourd’hui. Vous le décrire ne serait que digression. Car, où que vous soyez, vous le suivez le long de son interminable chemin de croix, ce pays qui a mal depuis 1960. Vous le suivez car vous savez que vous n’avez nulle part ailleurs où trouver la paix. Vous le suivez car vous savez que malgré ces papiers trop légers et sans sens qui vous furent délivrés, vous nationalisant citoyens d’autres pays, vous êtes et resterez togolais. Vous savez que où que vous résidiez aujourd’hui, vous ne vous sentez pas chez vous. Et vous ne vous sentirez chez vous que dans les limites de ce petit rectangle de 56 600 km2... Et vous savez qu’il a mal, votre Togo. Mal de sa politique.

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, le Togo vôtre est aujourd’hui arrivé à une étape où aucun Togolais du Haut Peuple ne doit plus garder le silence. Car c’est le Haut Peuple, vous donc, qui peut parler. Le Bas Peuple n’étant qu’ordure et pourriture. Oui, le Bas Peuple du Togo n’est qu’ordure, pourriture... Pourriture, je dis bien, car c’est ce que je vois dans cette masse avilie, cette tourbe, cette plèbe, cette multitude sans voix. De jeunes garçons drogués sans espoir, de jeunes filles qui ne vivent que par et pour le sexe, des femmes-souillures, des enfants morts-nés-vivants, des vieillards-depuis-longtemps-cadavres... Une véritable pourriture trop puante, ce Bas Peuple du Togo. Qui attend, avec espoir, que vous, le Haut Peuple, vous parliez. Que vous parliez. Enfin ! Aujourd’hui !

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, vous devez, enfin, parler. Vous devez parler pour le Bas Peuple. Vous devez parler pour le Togo. Car le Togo, c’est aussi le Bas Peuple. Vous qui avez une voix qui peut porter loin, et qui avez trop longtemps gardé le silence, vous devez parler. Pour votre pays. Pour vous... Pourquoi vous êtes-vous si longtemps réfugiés dans cet omerta qui détruit votre pays ? Qui vous détruit ? Comment avez-vous réussi à ne pas parler depuis si longtemps ? Comment arrivez-vous à vivre, à manger, à boire, à dormir, à faire la cour et l’amour, à rire... en sentant votre pays, votre peuple, en vous sentant si opprimés ? Vous ne pouvez pas, mes grands, mais alors vous ne pouvez pas affirmer que vous ne savez pas qu’au Nord du Togo, dans beaucoup de villages perdus dans la misère, des hommes et femmes cuisant du matin au soir sous le soleil, n’arrivent pas à manger au moins une fois chaque jour, alors que des flemmards ne vivant que de leurs langues mielleuses et mensongères, bénéficient de toutes les mansuétudes juste parce qu’ils ont réalisé l’exploit d’être un ami d’un ami d’un caïd de Lomé 2. Que la quasi-totalité des populations du Nord du Togo vôtre, ce Nord aujourd’hui injustement accusé d’être la source de tous les malheurs de notre pays, n’ont accès ni à l’eau potable, ni aux infrastructures de première nécessité comme les centres de santé et les écoles. Vous ne pouvez pas nier que vous êtes conscients des dangers que représente aujourd’hui cette division créée par les hommes politiques de votre pays parmi un peuple trop peu nombreux pour ne pas être soudé.

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, je ne vous convie pas en tant qu’artistes ou intellectuels. Mais des citoyens togolais qui peuvent parler et se faire écouter. Vous êtes des écrivains, des journalistes, des musiciens, des peintres, des intellectuels... Mais d’abord vous êtes des Togolais. Votre art, votre science, ne rayonneront d’ailleurs pas si vous laissez votre pays, vous vous laissez dans ce chaos. Car, le Togo, vous le portez en vous. Tel qu’il est. Vous avez le Togo en vous. Vous êtes le Togo. Et aujourd’hui vous êtes souillure, pourriture. Votre art, votre science sont souillure, pourriture... Car le Togo est aujourd’hui souillure, pourriture. Tous les prix que vous remporterez, toutes les distinctions que vous récolterez, tous les honneurs qui auréoleront vos têtes ne seront que souillure, pourriture, tant que votre pays sera pourriture, votre peuple sera souillure... vous serez souillure, pourriture. Car le Togo n’est pas votre ombre, mais c’est vous qui êtes son ombre. Vous serez donc ce qu’il voudra que vous soyez. Vous serez ce qu’il est, le Togo vôtre.

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, que vous soyez du RPT, de l’UFC, de la CDPA, du CAR... de n’importe quelle formation politique du Togo, même si vous ne vous êtes rattachés à aucune de ces formations, vous devez parler aujourd’hui, tout de suite, pour le Togo. Beuglez là, en face, pour que tout change, comme vous dirait Sony Labou Tansi. Beuglez ! Pour vous. Vous savez que vous devez parler. Vous devez avoir quelque chose à dire, à dénoncer, à encourager, à proposer... Vous savez que le Bas Peuple togolais a trop souffert. Que les étudiants sont trop désespérés. Que les jeunes filles se sont trop vendues. Que les jeunes garçons boivent et se droguent trop sous le poids de la désolation et du désespoir. Que les fonctionnaires togolais ont trop ahané pour rien. Que les retraités sont trop brimés dans leurs droits... Jamais, mais alors jamais, nous ne pouvons construire une nation digne et respectée par cette populace inutile. Vous savez que vous devez parler, agir, pour que le Togo soit, enfin, libéré de ses bourreaux, ses actuels politiciens.

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, nombreux sont ceux qui parmi vous, au Togo et dans la diaspora, se sont laissés acheter par l’or et l’argent. Vos langues, alourdies, paralysées, qui avaient si bien débuté leur mission salvatrice, vos plumes brisées par les honneurs fallacieux dont vous ont couvert les adeptes de la délinquance politique, ne peuvent plus rien dénoncer, rien proposer ! Vous suivez donc indifférents, vous jouez aux indifférents devant les atrocités que subissent vos frères du Bas Peuple. Vous mangez, buvez, riez, dormez en paix avec vos petites familles dans vos villas huppées. Vous narguez, à bord de vos voitures de luxe, vos frères, ces autres vous-mêmes sans voix... Bassesse des bassesses ! Comble de l’indignité ! Vous êtes indignité. Vous êtes bassesse. Vous êtes honte. Honte de votre plume. Honte de votre voix. Honte de votre pinceau... Honte de votre pays... Vous êtes honte et bassesse, vous qui avez vilipendé votre art ou votre science pour des chèques ou des titres. Car, votre art, votre science, ne sont que bassesse et honte s’ils ne peuvent servir votre pays qui attend tout de vous.

Intellectuels togolais, écrivains togolais, journalistes togolais, artistes togolais, votre formation politique, votre ethnie, votre religion, vos principes propres n’ont rien à voir avec cette lutte. Ce que nous défendons, c’est ce qui nous unit, ce que nous avons en commun, ce qui nous dépasse. Le Togo... Le désespoir a fini par gagner le Bas Peuple, le peuple-ordure, le peuple-souillure, au jour le jour déçu par les hommes politiques. Bientôt, viendra la résignation, si rien n’est fait. Par vous ! Et un peuple résigné est un peuple-pas-peuple, un peuple mort... Un peuple mort dont la puanteur vous inondera où que vous soyez, drapés dans vos prix, vos distinctions, vos honneurs... vos illusions...

Saluons, pour terminer, le travail abattu par l’écrivain Gerry Taama qui a dédié son blog, Terres togolaises, à ce petit bout de terre si compliqué et si attachant, et qui y publie ses points de vue, ses critiques et propositions, le journaliste Tony Feda jamais indifférent à la vie politique de notre pays, le Collectif pour la Vérité des Urnes, CVU, qui rassemble tous ceux qui rêvent d’un Togo meilleur... et tous les Togolais et Togolaises du Haut Peuple, qui ont toujours gardé un brin de dignité pour défendre la nation togolaise.   La lutte paie. Toujours. Et elle paiera, pour le Togo. Pour nous.  

 

 

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