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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 11:18

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Mabanckou, l’Afrique... et les femmes

Comme lors de toutes ses sorties depuis la publication et le succès spectaculaire de son chef-d’œuvre Verre Cassé, l’écrivain d’origine congolaise Alain Mabanckou, Prix Renaudot 2006 pour Mémoires de porc-épic fait un tabac durant cette rentrée littéraire avec son nouveau roman, Demain j’aurai vingt ans, paru dans la Collection Blanche chez Gallimard en France. Invité au journal d’Africa 24 ce 12 Septembre 2010, le superécrivain nous parle de son nouveau livre, de l’Afrique... et des femmes.

Il est question, dans Demain j’aurai vingt ans, d’un petit garçon de neuf à dix ans, Michel, turbulent et intelligent, lecteur d’Arthur Rimbaud, qui nous raconte ses périples de tous les jours dans un quartier de Pointe-Noire, dans une République populaire du Congo des années 70 pataugeant dans le marxisme-léninisme.

Les personnages qui gravitent autour du jeune narrateur sont bien dans leurs rôles respectifs : Papa Roger adepte du marxisme-léninisme qui écoute des informations que la radio nationale ne peut donner de peur qu’il n’y ait plus de radio dans le pays, sur la Voix de l’Amérique, Maman Pauline la mère de Michel le narrateur, ployant sous ses soucis de concevoir un autre enfant, Maman Martine, la deuxième mère du narrateur, Lounès, ami et beau-frère du narrateur, comme il est le frère de Caroline que Michel dans son amour enfantin fouille terre et ciel pour avoir au détriment de son rival Mabélé...

Alain Mabanckou aura donc, durant sa glorieuse carrière littéraire, fait parler pas mal de profils de personnages : un jeune immigré africain déporté qui parle de ses malheurs en France dans Bleu Blanc Rouge, un saoulard truculent et bourré d’humour dans Verre Cassé, un porc-épic hors pair qui raconte sa vie et ses bas exploits dans Mémoires de porc-épic, un dandy cocu reconverti en écrivain dans Black Bazar... Et Michel qui nous conte dans ce roman l’Afrique de son époque, celle-là qu’il découvre dans sa petite vie de tous les jours, mais aussi celle que présentent les informations sur la Voix de l’Amérique qu’il écoute, tout comme son oncle, avec attention.  

Pour ceux qui connaissent la vive admiration que porte l’écrivain congolais à son aîné guinéen Camara Laye, l’on pourrait affirmer que Demain j’aurai vingt ans est un L’Enfant noir à la Mabanckou. Mais ce que l’auteur réussit dans ce roman, et que n’a pas fait Camara Laye dans L’Enfant noir - un roman qui, en plein colonialisme, a peint une Afrique maternelle et douce, loin de ses malheurs et humiliations, c’est cette restitution impartiale de l’Afrique que voit le jeune narrateur, l’Afrique d’un marxisme-léninisme qui boitille dans des pays tout nouvellement sortis de la colonisation, les dictateurs qui dans leur fol aveuglément cherchent à cacher à leurs peuples leurs caricatures sur les chaînes internationales que sont obligés de suivre les citoyens en quête de la bonne information... des pays qui se dirigent, inévitablement, vers des déchirements, des guerres et des échecs. Ces échecs que nous remarquons aujourd’hui, une quarantaine d’années après le décor de ce roman, dans le Congo actuel.

Le danger de la littérature africaine, affirmait l’auteur congolais dans l’interview, c’est que les écrivains ont tendance à présenter une Afrique mythique... il faut parler de l’Afrique actuelle et l’Afrique actuelle c’est aussi celle des années 70 et 80. Bien sûr que oui ! L’Afrique que nous peint le jeune Michel dans Demain j’aurai vingt ans n’est autre que celle d’aujourd’hui. Celle des Etats se débrouillant avec des systèmes qui ne leur collent pas, tout comme le Congo de Michel se démerdait avec un marxisme-léninisme bizarre et ridicule – Jazz et vin de palme d’Emmanuel Dongala, celle des nouveaux Idi Amin Dada, celle des peuples ayant perdu confiance en leurs dirigeants, leurs institutions, et qui se tournent, pour bien connaître leurs pays, non seulement vers la Voix de l’Amérique mais aussi vers RFI, TV5, France 24, BBC...

Affirmant que ce nouveau roman est le plus féminin de tous ses romans, l’auteur voit, peut-être, la solution au sempiternel chaos de l’Afrique dans... les femmes. Laissez les femmes gouverner en Afrique, vous verrez que la carte de l’Afrique changera.

Pourquoi pas donc, grand ? Comme voilà qu’après l’échec de leurs pères, c’est les fils à papa qui sont maintenant, à la tête de nos Etats, en train de préparer, avec frénésie, leur propre échec pour les cinquante prochaines années d’indépendance de l’Afrique !

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