Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 12:56

 

 

 

 

 

Monsieur le Maire de Kara, ses citoyens et habitants

 

La création d’une sérieuse académie de la langue française s’impose aujourd’hui au Togo, car la création littéraire autour de cette langue coloniale devenue un facteur important dans le processus de développent des anciennes colonies françaises s’est beaucoup enrichie dans notre pays depuis presque deux décennies. Des écrivains très adroits aux styles aussi variés que riches, des critiques qui font de plus en plus preuve de professionnalisme, des lecteurs au jour le jour comblés... Mais aussi de véritables Immortels, qui n’ont rien à envier à ceux de l’Académie française, qui veillent toujours au grain quant à l’utilisation des mots français et leur sens. Parmi ces défenseurs du français pur au Togo, figure Mr Essodona Amaou, maire de la Commune de Kara.

Cet illustre monsieur, ce grand homme, interviewé sur la chaîne Africable dans le cadre du passage de la caravane de l’intégration au Togo, a donné des définitions claires et précises des mots « citoyen » et « habitant » à un journaliste complètement sidéré, montrant ainsi que les Français doivent désormais s’incliner devant les Africains quant au bon usage de leur belle langue.

« Un citoyen » selon Monsieur le Maire de la Commune de Kara, c’est un individu qui comprend l’administration, qui paie régulièrement et volontairement les impôts, qui ne se demande et ne demande jamais ce que fait l’administration de ces impôts... alors qu’un habitant c’est un individu qui veut que l’administration lui donne tout : travail, route, nourriture, toit (femme, ndlr), qui ne cherche pas à comprendre l’administration et qui se permet de la critiquer quel que soit ce qu’elle fait.  

Sans commentaires, remarquons que ces deux définitions de l’illustre monsieur des monts Kara pètent une intelligence et une justesse inouïes. Le mot citoyen implique un certain lien d’amour, de patriotisme... de citoyenneté qui lie l’individu à son pays, à son pouvoir gouvernant (même si l’individu n’a pas voté pour ce pouvoir) et qui le pousse à donner à ce pouvoir le bon Dieu sans confession. Le citoyen de Monsieur Essodona Amaou, même s’il n’a aucun travail que lui a donné l’administration, même s’il n’a pas de toit, même s’il n’a pas à manger, même s’il n’y a pas de route chez lui, aime, adore son administration et paie les impôts, quitte à lui d’aller voler pour honorer son engagement vis-à-vis de son amante d’administration. L’usage fait de ces impôts, le citoyen s’en moque, ce n’est pas son problème. C’est quelqu’un qui ne se demande jamais ce que son pays fait pour lui mais ce qu’il fait pour son pays. L’habitant – Ah, le maudit ! – lui n’aime pas son pays, veut que l’administration lui donne tout alors que cette dernière n’est pas petit-papa-noël-quand-tu-descendras-du-ciel encore moins Jésus pour faire des cadeaux à tout le monde, il critique, matraque l’administration, ne cherche à rien comprendre de ce qui se passe dans le pays, aveuglé par son aigreur contre l’administration, insulte le Président, ses ministres et députés, et les maires, révolte les citoyens... L’habitant c’est un esprit noir, un poison qui ne cherche qu’à envenimer son pays.

Eh bien, la balle est dans le camp de chaque Togolais et Togolaise. Car, en considérant notre population actuelle, on est tenté d’affirmer sans se tromper que plus de quatre-vingt-dix pour cent des Togolais sont des habitants et non des citoyens. Ce qui est déplorable dans la mesure où une nation, ça ne peut se construire qu’avec des citoyens, jamais avec des habitants. A tout Togolais et Togolaise de changer donc, faire l’effort de ne plus critiquer l’administration, payer les impôts et ne pas se demander ce qu’en fait l’administration, et surtout aimer le pouvoir en place, ce pouvoir qu’il a librement choisi il y a quelques mois à plus de soixante pour cent (même s’il conteste ce résultat), et du mauvais habitant, devenir un bon citoyen. Monsieur le Maire de Kara, Essodona Amaou, le demande, l’exige pour le bien du Togo.

Mais dites-moi, Monsieur le Maire, avant votre prochaine glorieuse entrée à l’Académie française, comment peut-on appeler des individus qui se servent des impôts payés par les citoyens pour faire des futilités comme construire des villas aux petites collégiennes et lycéennes alors que le pays est complètement dépourvu d’infrastructures et les citoyens y meurent de faim, ou utilisent ces impôts pour acheter des armes pour pulvériser les citoyens euh, les habitants (un citoyen ne conteste pas les élections) qui contestent les élections frauduleuses où on fait croire qu’un fils détesté a été démocratiquement élu à la place d’un père haï, ceux qui placent leurs maîtresses (incompétentes) à la tête de la Direction Générale des Impôts, et ceux qui assassinent les profs d’économie, qui doivent enseigner l’importance du paiement des impôts aux citoyens, et jettent leurs corps dans la mer ?   

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Agenda de ma boucherie
  • : Ce que je pense du Togo, de l'Afrique, et du monde qui m'entoure. Curieuse manière de le dire des fois, mais bah....
  • Contact

La Poétesse de Dieu

 

En librairie

 couerture-site.png

 

 

Fratricide.jpg

 

 

Gigolo-COUV.png

 

APO-FACE.JPG

Partenaires