Nuls de Lions !
Hum ! Même si tu ne veux pas rire là même hein, tu vas rire, wallahi ! Il paraît qu’un matin, feu Papa Eyadema, énervé contre un de ses incomptables fils, lui avait crié : « Je te maudis, et cette modification te suivra toute ta vie ! ». Le maudit, qui était plus instruit que son père, dû rappeler à ce dernier que le nom dérivé du verbe maudire n’est pas « modification », mais « malédiction ».
Pourquoi je parle de malédiction ? Parce que je me maudis d’avoir cru en l’Afrique pour cette Coupe du monde. Imaginez que, comme les amis drogués du ballon rond – je vole le terme à un grand frère qui sait voir des chiens nommer Albatros rêver et les gazelles se mettre à genoux pour pleurer -, imaginez donc que comme ces fous du foot, je m’étais aussi permis de rêver d’une finale de cette Coupe du monde jouée par une équipe africaine ! Comment était-ce arrivé ? Je ne peux vous le dire, tout m’a pris de vitesse. Moi qui ai toujours supporté mon propre pays, le Togo, comme un Indien supporterait un Swahili, me voilà au début de cette Coupe du monde reconverti en supporter juré des six équipes africaines, allant jusqu’à gaspiller mon pauvre pécule pour acheter des casiers de bière à savourer avec les potes en suivant les matchs des équipes du bled. Seulement, ce que j’avais oublié, c’est que pour croire en l’Afrique, il faut avoir un courage de cancrelat, ne jamais désespérer, et se dire après toutes les défaites que ça ira la prochaine fois. Eh bien, ce courage, je suis trop impulsif pour l’avoir... Au diable donc l’Afrique et sa Coupe du monde. Je renonce à ce jeu de la mort qu’est supporter l’Afrique, j’ai un cœur qui s’enflamme trop vite.
Hier, je vous disais que j’étais plus-que-déçu par la sortie de l’Afrique du Sud, du Nigeria, et surtout de l’Algérie. Aujourd’hui, je manque de mot pour décrire comment je me sens après la sortie – que je ne vais pas qualifier – des Lions indomptables (domptés plusieurs fois, même par le Togo) du Cameroun soi-disant géants du foot africain, qui ont perdu 0-1 devant le Japon qui n’a jamais été une référence quand on parle ballon rond. La question qui me tourmente maintenant, c’est de savoir dans quel domaine, à part la grande gueule, l’Afrique peut encore s’illustrer. Nos stars du ballon rond sont qualifiées par les médias internationaux comme des étoiles mondiales, évoluant dans les plus grands clubs européens. Toute l’équipe du Cameroun qui a été alignée ce soir est composée de joueurs pro évoluant dans les plus prestigieux championnats d’Europe, en commençant par Samuel Eto’o, champion d’Italie, champion d’Europe... Champion de mon cul, oui. L’équipe nipponne au contraire, selon les journalistes, ne renfermait que trois grands joueurs internationaux. Et malgré cela, le Cameroun a réussi à perdre ce match si facile. Ce Cameroun qui devrait, selon nos prévisions de bornés bien sûr, jouer la finale le 11 Juillet 2010 contre le Brésil ou l’Allemagne... Tous ces joueurs camerounais, de Samuel Eto’o au gardien de but, comme le préconisait un compatriote contre Gilchrist Olympio, on doit leur attacher les pieds et les mains, les rôtir vivants à petit feu jusqu’à ce qu’ils soient bien cuits comme un morceau de viande de Souka – Souka était, pendant mes jeunes âges, le meilleur vendeur de porc rôti de la préfecture du Zio -. Puanteur des puanteurs dans ce continent puant !
De toute façon, Coupe du monde oh, pas Coupe du monde oh, je m’en gnagne ! Qu’un pays africain joue la finale, remporte la Coupe du monde, parte jouer contre des équipes des autres planètes, remporte la Coupe des planètes... c’est pas mon blème. C’est pas ce qui va me faire gagner cette petite compagne que je suis en train de chercher tous les jours ici, sans succès bien sûr, pour tromper ma monotone vie de célibataire exilé qui commence sérieusement à me taper sur les nerfs.
PS : Ah, justement, parlant copine et Coupe du monde, j’ai déniché une arnaque pour côtoyer de jolies nanas. Hier, après la victoire du Ghana, tous les bars de Bamako ont été pris d’assaut par la communauté ghanéenne ici. Bière et champagne à gogo. Et vous savez que les choses sont plus faciles quand on est ivre ! J’attends donc une prochaine victoire d’une équipe du bled, pour aller m’associer à ces réjouissances, où sur fond de coupé-décalé, de wolosso, de grippe aviaire, de ndombolo, c’est de gros derrières qui tournent et retournent devant vous, des derrières que vous pouvez de temps en temps effleurer sans grand risque, en jouant au soûlard... Et c’est aussi ça la Coupe du monde non ?